Lendemain

J’ai envie de commencer ce post par dire merci. Je n’ai jamais senti autant de soutien de toute ma carrière. J’ai la joie de partager avec vous ce résultat qui nous propulse enfin vers Rio. Les quatre rameurs sur la photo ne pourraient être là sans le soutien sans faille de dizaine et dizaine de personnes. Je ne vais pas me lancer dans une liste qui sera loin d’être exhaustive néanmoins, une mention spéciale s’impose. Depuis Septembre, notre 4x (Quatre de couple) est un 5x.

Nous sommes cinq à ramer pour ce bateau. Ce départ pour Rio est celui de Matt Buie tout autant que le notre. Nous avons sué, pleuré, ri, saigné ensemble. Des heures passées dans l’ombre à créer ces 5 minutes 42 de course. C’est dans des journées comme cela que nous sommes fiers d’être coéquipiers. Et sans toi, Matt, rien de cela n’aurait été possible. On a un été de folie à vivre encore.
Deux autres mentions tout d’abord pour notre coach, Terry, qui a su nous ressortir des cendres en septembre, nous remobiliser et qui une fois de plus, a su défier les démons de la régate de qualification. Et enfin une mention pour Jake Wetzel qui depuis ce jour de septembre en France où presque tout s’effondra pour nous, a dans l’ombre soutenu et suivi le projet. Tout commença à Golden dans les Rockies où ensemble nous avons su défier les éléments et nous remobiliser en tant qu’équipe et lancer cette « Quadmission » et puis aussi au quotidien en motivant et partageant une expérience hors-norme.


En tenant ces propos, je ne peux m’empêcher de penser à ces détails qui font la différence et qui font pencher la balance d’un côté ou de l’autre. Cette régate ne ressemble à rien de ce qu’on peut imaginer à l’aviron. Se tenir au départ de Lucerne, un bassin que je connais et que j’affectionne particulièrement, un mardi soir, sans un bruit, sans personne sur le plongeoir, dans un anonymat le plus complet avec pour seules spectatrices quelques vaches qui préfèrent regarder les trains passer, tout en sachant que c’est peut-être ici, dans moins de 6 minutes que tout s’arrête. Demain n’existe absolument pas. J’ai pris conscience que l’avenir se crée maintenant. Il n’y aura que la suite que je souhaite y donner. Cela revient à savoir qui en veut le plus. Et finalement, c’est peut-être là que l’expérience paye mais la suite n’existe que si l’on agit. Se focaliser sur l’action, sur comment l’équipage va, sur gérer ma direction dans la ligne d’eau, sur lire la course et faire les bons appels. Cela ne tient qu’à l’action et pour résumer je ne pourrais faire mieux que mon coéquipier Will Dean disait hier : « Nous avons passé notre temps à nous focaliser sur le process et sur l’action et non pas sur le résultat. Et ce n’est que lorsque cela est fini qu’on réalise vraiment ce qu’on vient de faire ».
Alors bien sûr l’histoire aurait pu être différente. Après un début de compétition compliqué face aux Russes où nous avons justement oublié de courir notre course, il a fallu nous remobiliser. Tout s’est passé en repêchage. C’est là que tout a pris du sens. Nous sommes revenus à des fondamentaux. Nous avons couru pour nous, sans nous soucier des autres, sans pression, en mode automatique et nous savions que c’était la chose à faire pour construire une finale saine et sans complexe.
C’est donc en 2ème que nous franchissons la ligne d’arrivée, quelques dixièmes de seconde derrière d’indescriptibles Russes qui une fois plus réalisent un parcours digne d’un huit masculin et devant un équipage néozélandais qui aura tout donné. Nous pouvons maintenant rêver plus loin tout en gardant ce qui fait notre force actuellement : être dans l’action.


Prochaine étape la Coupe du Monde de Lucerne. Certains se demandent pourquoi nous enchaînons deux jours plus tard sur un tel événement. Je ne saurai pas comment décrire l’atout que fut l’expérience de courir à la première étape de coupe du monde contre les Russes ou les Italiens. Cela a joué un tel rôle dans notre approche de la course que nous ne voulons pas passer à côté de l’opportunité de courir face aux équipages qui seront à Rio dont les Allemands champions du monde et olympiques en titre. Cela est la dernière chance pour le faire avant Rio. Pourquoi s’en priver ? Aucune pression, des objectifs à redéfinir, une approche course par course. Bref....ce qu’on aime faire.
Puis direction le Canada où nous finirons notre préparation jusqu’aux Jeux. Hâte de rentrer à Victoria pour retourner auprès de ma femme et de ma fille qui aura déjà bien grandi en l’espace de 3 semaines. Une belle histoire à lui raconter dans quelques années...

 

« L’aventure continue... »

 

 

 

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Que d'émotions avec mon ami et ancien coéquipier Cédric Berrest                                                 Soulagés avec Will Dean

 

Crédit : Jade Besse / Kevin Light